Archives départementales des Yvelines

Charte de fondation du couvent des Célestins à Limay

Une charte de fondation royale 

Confirmation de la fondation du couvent des Célestins de Limay, ce document politique est aussi une représentation artistique par la construction d’une image idéale d’un souverain protecteur qui tend à s’imposer au Moyen-Age.

Le roi de France, Charles V (1338-1380) renforce ainsi sa présence figurative dans les chartes de la fin de son règne comme celle-ci où il confirme en 1376 la fondation du couvent des Célestins de Limay effective depuis 1373.

Les Célestins sont issus d'une congrégation bénédictine fondée dans la seconde moitié du XIIIème siècle et qui fut introduite en France par Philippe IV, dit Le Bel et ses successeurs, en particulier Charles V qui l’établit à Paris. 

Une exceptionnelle lettrine historiée

L’élément exceptionnel de ce document est la lettrine historiée (première initiale du paragraphe) ornée du "K" initial de Karolus, et transcription latine du prénom du roi. Elle représente Charles V agenouillé et tête nue, ce qui constitue l’un des premiers portraits dessinés d’un roi exceptionnellement non représenté en majesté.

Charles V (1) est représenté en prière devant la Sainte Trinité, à genoux tête nue et mains jointes.

Au-dessus se trouvent les armes royales (2), surmontées de la couronne royale (3) soutenue par deux anges. Elles sont pour la première fois représentées avec trois fleurs de lys en l’honneur des trois personnes de la Trinité (fleurs de lys d’or sur champ d’azur qui deviennent progressivement l’un des symboles de la monarchie française).

Face au roi, quatre moines (4) reçoivent la charte de fondation de leur monastère. Leur petite taille souligne la distance avec le roi et donc la hiérarchie sociale existante.

Ils sont agenouillés au-dessous d’une représentation de la Trinité (5), Dieu le Père tenant le Christ en croix accompagné de la colombe. Le choix des couleurs soignées et la finesse de la miniature font de ce document un des trésors des Archives des Yvelines.

Les Célestins demeurent dans ce couvent pendant près de quatre siècles jusqu’à la dissolution de celui-ci sous le règne de Louis XIV puis sa destruction à la Révolution française. On découvre à l’ancien emplacement de ce couvent la maison des prieurs élevée au XVIIIème siècle, connu aujourd’hui sous le nom de « château des Célestins » (de style néo-classique). La demeure connaît plusieurs propriétaires successifs avant d’être rachetée par la famille Lefébure en 1912.

 

Le saviez vous ? : Les marges du document sont très importantes ce qui témoigne de la richesse du commanditaire. En effet, au Moyen-âge le parchemin est un support onéreux que l'on cherche souvent à rentabiliser au maximum en rédigeant jusqu'au bord de la feuille.


Sources et bibliographie :

Composition du fonds : 41H1-78

La série H consacrée au clergé régulier est l'une des séries d'Ancien Régime des archives départementales où figurent les actes les plus anciens : quelques documents remontent en effet au XIème siècle. Après dévolution, les Archives des Yvelines ne conservent que les fonds d'établissements ayant leur siège dans le département des Yvelines. Ces fonds sont d'importance très inégale, réduits parfois à une seule pièce. 

« Livre des privilèges » 1560; Transcription de bulles de papes, de lettres d'évêques et de pièces diverses concernant les privilèges accordés aux Célestins, et en particulier à ceux de Limay, XIIIe-XVIe siècles ; rentes et documents divers concernant les Célestins de Paris, de Saint Pierre de Chastes (Oise), de Marcoussis (Essonne) et de Rouen (Seine Maritime) ; documents concernant les fiefs de la Chaumette au Perchay (Val d’Oise) et ses environs, Nucourt (Val d’Oise), Limay, Us (Val d’Oise), Avernes (Val d’Oise), Porcheville et Mantes ; fondations donations; procédures avec la ville de Mantes, cens, aveux, titres de propriété concernant Frémainville (Val d’Oise), Nucourt (Val d’Oise), Tourny (Eure), Buconvilliers (Oise); pièces relatives aux îles et îlots de la Seine sur la Seine : îles de Gargenville, d’Hermesson à Limay; rentes sur Mantes-Gassicourt, Buchelay, Fontenay, Porcheville, Follainville, Guitrancourt; documents intéressant Cesseville et Crestot (Eure); dîme de Boinville-en-Mantois, Vert, Hargeville, Porcheville, Follainville et Limay; terriers de Porcheville, Limay et Follainville.

 

Sources complémentaires :

  • 3Q37 : dossier de séquestre révolutionnaire ; E sup 275 terrier pour les Célestins de Limay, 1530 ; E sup 322-328, fief de Vert ; J3023/8 biens à Verneuil et Vernonnet, 2 pièces 1397 et 1401

Archives communales de Limay : les registres paroissiaux incluent les sépultures aux Celestins de Limay de 1737 à 1765

Archives départementales du Val-d'Oise :

  • G147 : fonds du Grand vicariat et officialité de Pontoise : copies de pièces relatives à la suppression du monastère des célestins de Limay-lez-Mantes, 1778-1786.

Archives départementales de la Seine-Maritime :

  • G9211 : séminaire Saint-Nicaise de Rouen, sentence des requêtes contre les échevins de Mantes pour une perception des droits de péage, 1474 ; G9235 : séminaire Saint-Nicaise de Rouen, titres de propriétés de l'Ile-Braque en la rivière de la Seine, ayant appartenu aux Célestins de Mantes ; 9H1030 : abbaye de Jumièges, échange entre les religieux de Jumièges et les Célestins de Mantes, 1494.

Archives nationales :

État général des fonds, Paris, Archives nationales, t. 1, 1978, p. 238 ; p. 346, LL 1506 : ordres monastiques, Célestins de Mantes, comptes, 1445-1517 ; p. 524, R2 319-373 : papiers de Bouillon, titres de propriétés et d'acquisition concernant les Célestins de Mantes et comptes généraux et particuliers ; documents sur les Célestins de Limay et notamment R2 281, cartulaire des Célestins de Mantes, ms du XVe siècle sur parchemin (consultables aux archives des Yvelines sous la cote 1 Mi 415).

Bibliothèque nationale de France :

Inventaire des collections manuscrites sur l'histoire des provinces de France, par P. Lauer, Paris, 1911, t. II, Périgord-Vexin, collection du Vexin, p. 331, t. 25, fol. 57 : lettres des Célestins de la Trinité-lès-Mantes, 1472.

 

Pour en savoir plus... 

"Quand les archives des Célestins documentent deux monuments funéraires conservés à l'église Saint-Aubin de Limay" :

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