Archives départementales des Yvelines

La visite du château et des jardins

La visite du château et des jardins par Paul de La Panouse

Cette visite situe les archives par rapport aux personnes, qui en furent les acteurs, et au lieu de mémoire qui les a réunies. Elle comprend trois parties, les salons, les jardins et l'architecture.

  1. La Maison familiale, où les meubles anciens et les objets d'art gardent leur fonction, pour embellir les actes de la vie de tous les jours, et leur mémoire, pour évoquer le souvenir de ceux qui les ont utilisés.
  2. Les Jardins de Thoiry, quatre rêves de paradis terrestres, espaces sculptés par les siècles, qui témoignent de la vision idéale de la nature à leur époque.
  3. L' Architecture : Philibert de l'Orme a utilisé le nombre d'or pour faire du Château le pivot d'un calendrier solaire qui a l'horizon pour cadran, et un instrument qui met nos sens de l'équilibre en harmonie avec les forces de la nature.

Avec sa taille humaine et la sobriété de ses lignes, qui se découpent sur le ciel, le château privilégie la beauté et la finesse de ses proportions architec turales sur toute ornementation superflue. L'ocre rouge des briques des corniches, des cheminées et des encadrements, et la couleur chaude du crépi et des pierres taillées s'éclairent sous le moindre rayon du soleil d'Ile-
de-France. Les fenêtres s'ouvrent sur un vaste et paisible paysage.

Le château semble limiter son ambition à servir l'art de vivre d'une famille seigneuriale à la campagne mais au Solstice d'Été et au Solstice d'Hiver il trahit son secret d'une manière flamboyante. Vu de dehors et à travers les pièces du rez-de-chaussée, on voit le soleil se lever et se coucher dans le château.

En 1559, Philibert de l'Orme, le célèbre architecte, et Olivier Ymbert, maître maçon, ont construit pour Raoul Moreau, érudit et Trésorier du Roi, un château qui favorise ses études ésotériques (la réception des travaux est signée de Jean de l'Orme, son frère, qui lui succéda comme surintendant des Bâtiments du Roi ).

Du château, la vue s'étend au Sud jusqu'à la Forêt de Rambouillet et, au Nord, elle survole la vallée de la Seine et se perd à 30 km. Mais sur la hauteur il n'y a pas d'eau. Pour cette raison les châteaux de plaisance sont dans des vallées. À Versailles, il a fallu capter l'eau à 100 km. À Thoiry, le puits, profond de 25 m, était à 300 m et 25 m plus bas que le château. Mais la construction du Château sur la colline avait un autre objectif que la vue.

À Thoiry le relief a permis de faire du paysage un calendrier solaire grandeur nature, avec le château pour pivot, l'horizon comme cadran et les perspectives comme aiguilles, pour marquer les moments privilégiés de la course du soleil, à la limite entre le ciel et la terre. Peu de sites convenaient, car le château-pivot devait être sur le même plan que l'horizon-cadran. Le Château, et l'horizon qui l'entoure, sont à la même altitude, dominant de 50 mètres la plaine qui les sépare. Si le château était plus bas que l'horizon, le soleil au solstice d'été apparaîtrait après l'heure de son lever et à droite de l'axe N.E,. et au solstice d'hiver il se coucherait en retard et à gauche de l'axe S.O. Si le château était plus haut que l'horizon, le soleil au solstice d'été apparaîtrait avant l'heure de son lever et à gauche de l'axe N.E, et au solstice d'hiver il se coucherait en retard et à droite de l'axe S.O. L'absence de lignes de crêtes au Nord ne gêne pas car le soleil n'y va jamais. Une faille géologique émet des forces magnétiques.

Ses belles proportions arithmétiques, géométriques et du Nombre d'Or font du château un instrument qui capte les forces et les vibrations perçues par nos sens de l'équilibre. Il met ses habitants en harmonie avec l'univers. Inventés en Egypte, il y a 5.500 ans, repris en Mésopotamie et en Grèce, les tracés des ornements, des lignes et des composants de l'architecture, fenêtres, façades, cheminées et toitures, développent en croissance à partir du carré de base des séries harmoniques de rectangles d'or et 2, de pentagones étoilés et de triangles d'or. Les clés pour appréhender la beauté des fonctions cachées du château sont données dans le chapitre sur l'architecture.

Paul, vicomte de La Panouse accueille les visiteurs :

"Bienvenue, dans le vaisseau pour voyager dans le temps, "Château de Thoiry". J'ai le plaisir d'être votre pilote au poste de châtelain pour la 16ème génération, car ma famille est aux commandes depuis 440 ans.

Notre croisière à travers les siècles fera surgir objets d'art, archives et personnages historiques de l'océan du temps.

En 1965, j'ai ouvert le Château aux visiteurs pour lui donner une raison sociale et des ressources économiques. En prenant à bord 800 animaux sauvages en voie de disparition, le "Château de Thoiry" est devenu une Arche de Noé.

Ma famille pilote depuis 1.000 ans un autre vaisseau à voyager dans le temps, le Château Fort du Colombier dans l'Aveyron, près de Rodez, avec son Jardin Médiéval et son Bestiaire Vivant du Moyen Âge.

Un château habité est une oeuvre d'art fonctionnelle. La beauté, sublimée par le temps, de l'architecture, des jardins et des meubles anciens, valorise les actes de la vie quotidienne. Pour les visiteurs, elle fait d'une promenade familiale ou amoureuse un événement. Elle transfigure ces instants de bonheur en moments d'éternité. Dans les musées, les objets d'arts et les meubles perdent leur environnement, leur fonction et leur mémoire. Dans un château habité, ils embellissent la vie familiale et témoignent de ceux qui les ont choisis et utilisés. Les ancêtres animent les salons de leurs souvenirs. Leurs archives s'ouvrent sur 900 ans d'histoire. Nous partageons la gloire des fonctions qu'ils ont occupées et leur vie intime, de leur naissance à leur mort. Quand on passe le mur des mots, les manuscrits font revivre des personnes célèbres ou inconnues à des moments de leur vie qui ont fait notre histoire ".

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