Un autre regard sur le patrimoine : 20 ans de restaurations
Le support change, mais les mots persistent : laissez-vous guider à travers ce florilège d’images numériques. Pour présenter ces dernières réalisations, le pôle Sauvegarde et transmission des patrimoines a choisi pour trame le regard personnel du photographe Jean-Bernard Barsamian, en marge de la nécessité impérieuse de constituer une banque d’images, outil de répertoire indispensable à la gestion d’une collection. Sur le chemin balisé, c’est l’artiste le guide.
Sa feuille de route : l’objet restauré, vingt ans de soutien du Département à la sauvegarde du patrimoine mobilier des communes.
L’objectif : montrer l’objet sauvegardé dans son contexte.
Les moyens : au choix de l’opérateur.
N.B. : chemin de traverse autorisé.
L’exercice fut riche en surprises et en échanges, il fallait expliciter le jargon de spécialiste, ce qu’est un banc d’œuvre, une bannière d’orphéon, une crédence, ou encore comment reconnaitre la statue de saint Laurent, de Mammès, ou de sainte Barbe. C’est une question de point de vue.
Ils ne sont pas tissés de nostalgie les objets que nous avons reçus en héritage. L’héritage on l’ignore, le rejette, le dilapide, on se l’approprie. Cet objet qui survit malgré tout, nous interpelle quand on ne sait plus le nommer ou en lire le sens.
Conserver, voire restaurer, c’est permettre à une œuvre unique, marqueur de temps, de témoigner encore, pour ne pas perdre la trame. Comme la restauration d’un tissu se fait par des points de renfort : on ne renouvelle pas les fibres fatiguées, mais on peut prolonger la cohésion d’un tissu précieux.
Le maintien dans son contexte permet de ne pas en faire un objet figé, hors d’usage, et si la réparation donne à nouveau envie de s’en servir, c’est tant mieux… avec quelques précautions pour accompagner l’utilisation d’un matériau fragile. Et si l’utilité en est perdue, si on ne peut plus l’appréhender qu’avec le regard, il peut rester là, dans son environnement, tel la navette qui a conduit un fil, au repos sur le métier. Il s’agit toujours de maintenir le tissu.
Ainsi, en 1996, le Département qui concourait depuis longtemps à la restauration des objets classés au titre des monuments historiques, convaincu de la nécessité d’intervenir plus largement pour accompagner les communes dans leur effort de sauvegarde du patrimoine, a mis en place une aide pour la restauration des objets d’art et des archives des communes. Ce partenariat, formalisé par une convention, a permis à ces dernières d’intervenir sur environ 600 objets et une trentaine de documents d’archives de propriété publique. D’une dizaine d’opérations à sa création, le programme a doublé en 2001 et quasiment triplé en 2006.
La diversité des interventions et la fourchette des coûts est représentative de la richesse du patrimoine des Yvelines : des tableaux en nombre, de la statuaire, du mobilier… Le programme a, par exemple, permis, dès son lancement, de rendre leur fonctionnalité à des bancs clos, sauvant un mobilier souvent menacé d’être remplacé par des chaises industrielles. Objets ordinaires, fonctionnels, objets d’ornement, chaque intervention est adaptée à une œuvre de création unique, et doit faire appel à des restaurateurs spécialisés qui savent éviter de lui superposer la marque de notre temps. Les conservateurs accompagnent ces réalisations en conseillant les communes, et assurent le suivi scientifique et technique.
Certaines sont l’occasion de découvertes inattendues. Ici une signature sur un tableau, là des couleurs éclatantes cachées par un badigeon gris couvrant la statue ; dans les cas extrêmes c’est le sujet du tableau que l’on ne distinguait plus.
La reconnaissance de la qualité oubliée peut alors se faire par une protection officielle au titre des monuments historiques, pour laquelle ces interventions ont constitué, ces dernières années, un vivier imprévu : 10% des œuvres restaurées ont fait l'objet d'une protection.