Les travaux d’entretien du château de Beynes : une occasion de redécouvrir cette forteresse médiévale
L’achèvement des travaux d’entretien du château de Beynes, réalisés par l'agence Lympia Architecture, sous l'égide du département des Yvelines en mars 2024, est une bonne occasion pour mettre en lumière ce patrimoine et son histoire.
À seulement 30 kilomètres à l'ouest de Paris, se dresse un monument dont les murs racontent plusieurs siècles d'histoire et de transformations. Le Château de Beynes, un ancien château fort, témoigne de manière éloquente des évolutions politiques, sociales et architecturales qui ont marqué la région.
Origines et Histoire
Aux origines de la seigneurie de Beynes, on trouve des liens étroits avec l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés à la fin du Xe siècle. Cependant, c'est au XIIe siècle que le château prend forme sous l'impulsion de Galeran de Beynes, probablement encouragé par le comte Simon III de Montfort (1113-1181).
Témoignage de la féodalité et puissance capétienne, le château occupe une position stratégique, près de la capitale et sur les voies reliant la vallée de la Loire à celle de la Seine, en fait un bastion crucial pour la défense du Royaume face aux invasions normandes et anglaises. Il garde cette position stratégique jusqu’à la fin du Moyen-Âge, jouant un rôle crucial lors de la guerre de Cent Ans et des guerres de religion.
Entre 1413 et 1416, le château est entré en possession de Guillaume d'Estouteville, membre d'une dynastie normande influente. Son descendant, Robert, a modernisé le château pour le rendre plus habitable, puis l'a remilitarisé vers 1450, peut-être en raison des incertitudes persistantes liées à la guerre de Cent Ans. La famille d'Estouteville a conservé la propriété du château jusqu'en 1530, date à laquelle elle a été saisie pour rembourser les dettes de Charles Ier de Luxembourg.
À la fin du Moyen-Âge, grâce à sa position près de la capitale, le château devient un lieu de séjour pour ses propriétaires successifs, souvent proches du pouvoir royal. L'exemple de Guillaume Poyet, acquéreur du château en 1530 et futur Chancelier de France, illustre cette proximité avec le pouvoir.
Entre le XIIe et le XVIe siècle, il subit d’importants aménagements, transformant ainsi la forteresse militaire en résidence d’agrément en phase avec son temps. Ce passage de mains, des barons féodaux aux conseillers royaux, reflète une évolution significative dans la politique du royaume de France.
Évolution Architecturale
Les fouilles archéologiques menées en 2014 par la DRAC Île-de-France ont permis de retracer l’évolution du château au fil des siècles, révélant notamment la présence probable d'une autre motte castrale à proximité du château et ont révélé que le bourg lui-même était fortifié depuis au moins le XIIe siècle.
Le château de Beynes est est implanté sur une motte castrale de forme ovale, entourée d'une enceinte de neuf tours qui ne sont pas contemporaines les unes des autres. Seules les cinq plus petites datent du château primitif. Le château est traversé par une route centrale, encore présente aujourd’hui.
Au XVe siècle, le château commence à se transformer progressivement en résidence d'agrément. Vers 1450, Robert d'Estouteville fait transformer le château en rasant le donjon, en adaptant les fortifications à l'artillerie naissante et en aménageant une résidence plus habitable.
En 1556, le domaine est cédé à Diane de Poitiers par Henri II, son royal amant. Sous sa férule, le château est enrichi de logis Renaissance conçus par le célèbre architecte Philibert de l'Orme. Ce logis était composé de deux pavillons greffes sur la bâtisse médiévale. Les appartements du roi étaient à l'étage, avec une salle de réception et des pièces privées, tandis que Diane de Poitiers logeait au rez-de-chaussée. Malheureusement, Henri II décède avant de pouvoir profiter pleinement de cette résidence, le 10 juillet 1559.
Malgré sa transformation en lieu de plaisir et de rencontres aristocratiques au XVIIe siècle, le déclin commence au XVIIIe. Ainsi, en 1732, le propriétaire du château, le Comte de Maurepas, décide de le démolir partiellement pour revendre ses matériaux de construction.
En 1967, la municipalité de Beynes devient propriétaire du château, s'engageant ainsi dans sa préservation et sa restauration.
Son classement en tant que Monument Historique en 2013 atteste de son importance au sein du patrimoine français.
Conservation et Entretien
Pour assurer la préservation du château, un programme pluriannuel de travaux d’entretien est mis en œuvre par l'agence Lympia Architecture, mandatée par le département des Yvelines. Les efforts visent à maintenir l'intégrité structurelle du château, incluant le remplacement d’un géotextile de protection des ruines et la dévégétalisation des maçonneries.
Les travaux achevés en mars 2024 ont consisté en une intervention sur les salles latérales, suivant la même approche que celle adoptée pour la rue principale. Le géotextile précédent, envahi par la végétation, a été retiré, exposant la rue principale qui a ensuite été recouverte d'un nouveau géotextile et de sable, offrant une protection temporaire en attendant des travaux de jointoiement plus conséquents.
Pour aller plus loin :
- Dufay B. Le château de Beynes (Yvelines) du XIIe au XVIe siècle : des barons féodaux aux favorites royales, du bourg castral au bourg vigneron : la longue vie d'un château-fort dans un village d'Ile-de-France, In: Revue archéologique du Centre de la France, tome 40, 2001. pp. 243-285.
- Dufay B. Un logis royal de Philibert Delorme construit au château de Beynes (Yvelines). In: Bulletin Monumental, tome 160, n°3, année 2002. pp. 275-297.
- Château de Beynes, Le blog de l'Association "Un Chemin Historique et Touristique en Ile-de-France"Haut du formulaire