Archives départementales des Yvelines

Le corbillard de Mareil-Marly

Un bel exemple de patrimoine funéraire

À Mareil-Marly, un corbillard du XIXᵉ siècle offre un précieux témoignage sur les traditions funéraires en France. Ce modeste véhicule à deux roues, en bois peint en noir, est orné d’une croix et d’étoiles argentées.  Fabriqué entre 1875 et 1890 par le sellier parisien Bollender, il porte sur son essieu une marque de fabrique :  BOLLENDER, 72 RUE DE LA FAISANDERIE, PARIS.

Longtemps oublié dans un local communal, ce corbillard souffrait de nombreuses dégradations : attaque d’insectes xylophages, ornements disparus et un toit entièrement déformé. En 2022, l’atelier Giordani a mené une restauration complète et minutieuse de ce véhicule sous la supervision du Pôle Sauvegarde et Transmission des Patrimoines du département des Yvelines. De la réparation des structures à la reconstitution des éléments manquants, chaque étape a redonné vie à cet objet historique, désormais exposé au cimetière de Mareil-Marly.

Ce corbillard à traction humaine illustre une réalité autrefois fréquente dans les petites communes rurales, dépourvues de véhicules hippomobiles plus coûteux. Peu d’anciens corbillards ont été conservés. En Île-de-France, seuls quatre exemplaires sont répertoriés aujourd’hui.

L’histoire de ces corbillards s’enracine dans un décret napoléonien du 12 juin 1804, qui rendait obligatoire l’usage de corbillards pour le transport des défunts. Inspirée par les idéaux révolutionnaires, cette réforme visait à garantir des funérailles dignes, même pour les plus modestes. Si, à l’origine, des véhicules existants étaient transformés pour cet usage – ainsi que le montre un autre corbillard conservé à Maurepas –, des modèles spécifiques firent progressivement leur apparition.

Sobres et fonctionnels, ces corbillards répondaient à des exigences économiques et morales. Leur conception permettait d’adapter le véhicule à différentes classes sociales en ajoutant ou retirant des ornements. Habituellement montés sur quatre roues, ils étaient composés d’un plateau encadré de panneaux bas, surmonté d’un baldaquin soutenu par quatre supports.

Tandis que Paris adopta les corbillards automobiles dès la Seconde Guerre mondiale, les campagnes continuèrent d’utiliser des modèles hippomobiles jusqu’aux années 1970.

Recherches et rédaction :

Anna SHAGIAKHMETOVA et Helga BRIANTAIS ROUYER

Pôle Sauvegarde et Transmission des Patrimoines

Le corbillard avant restauration.  Cl. CD78/ C. Garguelle
Le corbillard avant restauration. Cl. CD78/ C. Garguelle
Le corbillard après restauration. Cl. Giordani
Le corbillard après restauration. Cl. Giordani
Le corbillard après restauration, à l'entrée du cimetière communal. Cl. Mairie de Mareil-Marly
Le corbillard après restauration, à l'entrée du cimetière communal. Cl. Mairie de Mareil-Marly

Le saviez-vous ?

Le mot corbillard remonterait au XVIᵉ siècle. Il désignait à l’époque des bateaux fluviaux transportant des marchandises entre Corbeil et Paris, les corbeillards, mais également utilisés pour le transport des corps lors de grandes épidémies. Le mot corbillard dans son sens actuel date du XVIIIᵉ siècle.

Partager la page