Archives départementales des Yvelines

Découverte du mois de Février 2023

Le confessionnal de Jouy-en-Josas : un meuble issu d’une commande royale ?

L’église Saint-Martin de Jouy-en-Josas abrite entre ses murs un confessionnal protégé au titre des Monuments historiques (classé depuis 1935). Ce meuble a fait l’objet d’une restauration en 2021 : relégué depuis des travaux du milieu du XXe siècle dans un espace sans aération, il était victime de la prolifération des insectes et des champignons. L’intervention avait pour objectif de traiter ces problématiques et de déplacer le confessionnal dans un lieu plus adéquat à sa conservation. Elle a également été l’occasion de découvrir de nombreuses informations sur ce meuble ancien !

Le confessionnal de l'église Saint-Martin de Jouy-en-Josas
Le confessionnal de l'église Saint-Martin de Jouy-en-Josas

©CD78, Jean-Bernard Barsamian, 2022

Un objet ancien d’une grande qualité d’exécution

Un confessionnal est un mobilier liturgique de l’Eglise catholique destiné aux confessions. Il se présente comme un isoloir et comporte généralement trois compartiments : une loge centrale destinée au prêtre, les deux autres servant à accueillir les pénitents. Celui de Jouy-en-Josas, daté du XVIIIe siècle, est tout en bois, orné de décors sculptés et moulurés.

On ne dispose d’aucune documentation spécifique sur ce confessionnal. Les recherches dans les archives de la paroisse signalent qu’il y en avait plusieurs dans l’église Saint-Martin, qui furent vendus à la Révolution à l’exception d’un, conservé pour servir de guérite (nous remercions Claude Laude, archiviste-paléographe, qui a bien voulu communiquer le résultat de ses recherches). Si bien que l’on trouve mention de l’achat de deux confessionnaux au XIXe siècle, mais sans plus de précision.

A l’occasion du démontage indispensable pour le déplacement du confessionnal, des observations furent faites sur le meuble. L’intervention a permis de vérifier les hypothèses de datation du meuble : la qualité du bois et de la sculpture, les traces de sciage et la façon d’assembler les éléments cintrés appartiennent aux techniques traditionnelles d’avant l’ère industrielle. Il s’agit d’un très beau travail de menuiserie et non d’un travail mécanique. Plusieurs inscriptions et marques indiquent que l’objet avait déjà été démonté et réparé à plusieurs reprises. Pour le restaurer, certaines parties trop attaquées par les insectes pour être consolidées furent remplacées avec des bois de même essence, et quelques éléments manquants furent sculptés à l’identique. Les ajouts en contreplaqué furent éliminés, les assemblages révisés et la surface cirée. Le socle fut refait à neuf.

Retour en images sur la restauration : 

Avant restauration : désordres structurels du meuble

Toutes ces observations étaient importantes pour confirmer l’ancienneté du meuble qui avait été repérée lors de son classement, sans faire à l’époque le rapprochement de sa forme un peu singulière, avec deux confessionnaux de la cathédrale Saint-Louis à Versailles.


Une commande royale ?

Le confessionnal de Jouy-en-Josas est identique à deux confessionnaux du XVIIIe siècle de la cathédrale Saint-Louis de Versailles. Seul le degré d’altération des décors les différencie. La colombe par exemple, n’existe plus à Jouy, ni le dispositif raffiné de la serrure de la porte, cachée dans un bouton de fleur.

A Saint-Louis, on sait qu’après un temps d’arrêt dans la décoration de l’édifice financé par le roi, l’architecte Trouard fut chargé en 1764, de compléter les ornements d’architecture : ce dernier construisit la sacristie et la Chapelle de la Providence, il fit placer les autels et les boiseries… et dessina les confessionnaux. Les descriptions anciennes des années 1770 signalent la qualité de ces confessionnaux et leur forme semi-circulaire un peu inhabituelle, en indiquant qu’ils sont placés dans les huit chapelles du chœur et sont identiques. Tout le mobilier fut vendu à la Révolution, mais une partie rapidement rachetée, dès le Concordat, aux menuisiers des environs.

Un confessionnal identique à la cathédrale Saint-Louis de Versailles
Un confessionnal identique à la cathédrale Saint-Louis de Versailles

Il y a par conséquent deux confessionnaux d’origine actuellement dans la cathédrale de Versailles et celui de Jouy-en-Josas est, à l’évidence, un troisième. Leurs ornements font écho à ceux sculptés dans la pierre de l’église Saint-Louis commandée par le roi. Plus étonnant encore : le restaurateur a signalé la ressemblance avec un confessionnal qu’il avait récemment restauré dans l’église parisienne de Saint-Germain-des-Prés. De fait, il y en a deux dans cette église, identiques à tous points de vue, bien qu’ils aient perdu la calotte caractéristique ornée de chutes de lauriers enrubannés. Ce qui fait, à ce jour, cinq confessionnaux repérés sur les huit de la commande royale.

À la suite de sa restauration, le confessionnal de Jouy-en-Josas a retrouvé son emplacement des années 1930, devant la tribune de l’église. 

Dossier suivi et documenté par Catherine Crnokrak.

Article : Pamina Weité


Le confessionnal de Jouy-en-Josas après la repose
Le confessionnal de Jouy-en-Josas après la repose

©JM Darde, restaurateur

Bilan de la restauration :

Restauration par l’atelier DARDE

Coût : 13 885 € HT

Financement Commune 30%

Ministère de la Culture 50%

Département 20%

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