Découverte du mois de Mai 2023
Les fonts baptismaux de l’église de Vélizy : associer ancien et contemporain
C’est une opération un petit peu particulière qui a eu lieu en ce début de printemps dans l’église Saint Jean-Baptiste de Vélizy-Villacoublay. Une ancienne cuve en marbre du XVIIe siècle a été restaurée et installée dans l’église d’architecture contemporaine, sur un socle spécifiquement créé pour l’occasion. Le résultat : un contraste esthétique saisissant qui fait résonner l’ancien et le contemporain !
D’une église à une autre : la réutilisation de l’ancien
La cuve en marbre qui est le sujet de cette opération n’est pas anodine. Elle provient de l’église Saint-Denis, ancienne église de Vélizy qui servait jusqu’au milieu du XXème siècle.
Cette église est un monument construit au XVIIème siècle à partir des vestiges d’un autre édifice, l’église médiévale de la paroisse d’Ursine, qu’elle a remplacé en 1674. En raison des transformations de Vélizy qui a vu sa population augmenter considérablement au XXème siècle, l’église est devenue trop petite pour accueillir les paroissiens. Il a été construit en 1970 un nouvel édifice, l’église Saint Jean-Baptiste, où se déroulent depuis les offices religieux. La nouvelle église Saint Jean-Baptiste présente une architecture contemporaine en béton avec vitrage sur la partie haute des murs. Aujourd’hui, l’église Saint-Denis est désaffectée et sert notamment comme lieu d’exposition ou à des activités associatives.
Le projet de restauration et de réinstallation des fonts baptismaux de l’ancienne église dans l’église Saint Jean-Baptiste a vu le jour à la demande du clergé, qui souhaitait mettre en usage cet objet ancien dans l’édifice actuel. Jusque-là conservée dans l’ancienne église Saint-Denis, la cuve était très altérée.
La restauration des fonts baptismaux de Vélizy
Les fonts baptismaux sont des éléments de mobilier ecclésiastique. Il s’agit de cuves qui servent à recevoir l’eau du baptême, placées sur un support. Les matériaux, les formes et les ornements diffèrent selon les époques et les régions. Celui de Vélizy est taillé dans un marbre de couleur rouge, presque brun, très employé depuis le XVIIe siècle. Avant la restauration, la couleur du marbre était ternie par les couches de traitement du matériau (cire, résine, etc.). Par ailleurs, la cuve souffrait de manques de matières ainsi que d’éclats et lacunes liés à la manipulation et à l’oxydation de fixations métalliques (destinées à recevoir un couvercle).
La moulure simple de la vasque indique un travail ancien. Par ailleurs, on trouve à l’intérieur de la cuve des traces d’outils du creusement à la main.
La restauration a été réalisée par Barbara Donati et Philippe Donné. Elle a consisté dans un premier temps à retirer les éléments métalliques et les restes de mastics. Puis, il a fallu reconstruire avec de la résine les parties manquantes en se rapprochant le plus possible du matériau d’origine. Le marbre a été nettoyé à la vapeur. En fin d’intervention, les restaurateurs ont poli la surface et appliqué une cire de protection.
L’installation dans l’église : un nouveau socle pour une cuve du XVIIe siècle
La cuve fait environ une une largeur de 83cm pour une profondeur de 62cm. Elle était privée de son socle d’origine qui avait disparu. Pour ce type d’opération, c’est généralement une reconstitution à l’identique qui est privilégiée. Toutefois, aucune information n’a été conservée ou retrouvée concernant le socle d’origine de la cuve. Il s’agissait donc de créer un nouveau socle pour accueillir la cuve en marbre du XVIIe siècle. Ce nouveau socle a été créé par un métallier, Jim de Missolz, sur les plans de l’architecte de l’église. La facture contemporaine de l’objet permet de créer une résonnance entre l’objet ancien et l’église contemporaine en béton.
L’installation de ce nouveau socle et des fonts baptismaux rénovés a été réalisée à temps pour permettre leur usage lors des baptêmes de Pâques. Restaurée et implantée dans un nouveau lieu, l’ancienne cuve est de nouveau en usage. L’opération a permis non seulement de préserver l’objet patrimonial, mais aussi de lui redonner vie.
Dossier suivi et documenté par Catherine Crnokrak.
Article : Pamina Weité