La peinture " Stic B ", de Bertin et Lapeyre
L’industrie des peintures, en plein développement, recherche "la" solution qui allierait facilité d’emploi, résistance, matité, palette étendue. En 1919, Pierre Bertin dépose la marque "Stic B", une peinture à liant organique solide, diluable à l’eau, qui s’applique à sec sur le béton et permet les retouches ; la publicité met surtout l’accent sur l’innocuité du produit, tant pour le peintre que pour les occupants : pas de vapeurs toxiques, ni de plomb. En effet, Stic B signifie :
S supprimer les produits nocifs
T ravailler dans la lumière et la gaieté
I mmuniser le foyer contre la tristesse et l’ennui
C onjuguer l’agréable et l’utile, l’art et la santé
Cette peinture, lancée à grand renfort de publicité, connait un grand succès dans les années 1920-1930.
Au départ, la marque est déposée par Bertin et Lapeyre pour un revêtement extérieur sur béton, mais en 1926, Gustave Umbelstock, architecte du gouvernement, professeur à l’Ecole Polytechnique et à l’école des Beaux Arts, se fait le chantre du Stic B, au cours d’une conférence sur "le rôle de la couleur et du ciment armé dans l’architecture moderne".
La recette exacte du Stic B a disparu avec les archives de l’usine Bertin et Lapeyre. Selon Fabienne Stahl, spécialiste de Maurice Denis, "cette nouvelle peinture est à base de pigments en suspension dans un médium comprenant de "l'huile de lin cuite, une gomme dure à vernis, auquel on ajoute des oxydes de zinc et de titane". Cette composition, proposée par Jean Rudel (dans "Techniques de la peinture", PUF, 1983) a été confirmée par M. Rowell, employé de longue date de l'entreprise "Stic B" qui précise de plus que l'huile de lin provenait de Bombay et que la gomme dure à vernis était du type "albertol" (résine formo-phénolique obtenue par estérification des Bakélites avec de la colophane)".
Ségolène Bergeon-Langle et Pierre Curie dans Le « Vocabulaire typologique et technique de la Peinture et du dessin » p. 693 confirment cette composition et précisent que l’analyse faite par Jacques Philippon en 1985 de la peinture de « la Pentecôte » à l’église du Saint-Esprit « n’a pas permis de retrouver l’oxyde de titane attendu, mais plutôt du blanc permanent (BaSO4) ».
Dans un article de "Recherches et inventions" de l’Office national des recherches scientifiques et industrielles et des inventions (1935-07), Paul Walter détaille les essais auxquels ont été soumis cette « peinture à l’eau à base de colle » au Conservatoire des arts et métiers et qui ont montré sa grande résistance aux frottements, permettant son emploi pour la décoration intérieure.
Il précise qu’elle se présente sous forme de pâte épaisse que l’on peut employer telle quelle, mais qu’on y ajoute habituellement de l’eau. Le « Vocabulaire typologique et technique de la Peinture et du dessin » indique de la même façon que le peintre applique d’abord une première couche d’enduit Stic B, puis que le décor est peint avec la peinture diluée. L’emploi d’une couche préparatoire est confirmé par Martine Martine Chenebaux-Sautory qui tenait le renseignement du fils de Maurice Denis.